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C Claire!
11 février 2011

Le breton, une langue de zinzins

Amis du soir bonsoir!

Avant toute chose, je dis un grand merci aux filles et à Cédric pour vos encouragements, ça met du baume au cœur.

Je vous préviens, cet article sera consacré à la langue bretonne. Depuis début janvier je suis une formation de langue bretonne pour devenir bilingue en 6 mois. 6 mois c'est court pour apprendre une langue me direz-vous. Oui, mais avec 35h de cours de breton par semaine, c'est plutôt long!

 

Avant de démarrer le récit de mes péripéties, j'aimerais faire une petite mise au point, histoire qu'on soit sûrs de bien parler de la même chose.

  • Primo, le breton kesako? Une langue ou un dialecte? Oh malheur! Surtout pas un dialecte! Le breton est une langue celte, comme le gaelic ou le cornique (chez les brits aussi), qui n'a absolument rien à voir avec le français. Exemple concret: "bonjour, ça va?" = "demat, mont a ra?"
  • Le breton n'est pas une langue morte. En tout cas pas encore (aïe, pas taper). Environ 200 000 personnes le parlent encore. Ça diminue en permanence malheureusement.
  • Qui parle breton? Déjà les anciens, parce qu'avant dans toute la basse Bretagne (l'ouest de la Bretagne quoi) c'était quasi la seule et unique langue connue et parlée. On causait un peu français, mais pas des masses. Mes grands-parents par exemple avait le breton comme langue maternelle. Ils ont appris le français à l'école. Mais ils ont appris le français à leurs enfants, parce qu'à l'époque le breton était remplacé par le français (ça c'est une longue histoire). Il y a également des jeunes qui parlent breton, bien souvent parce qu'ils l'ont appris à l'école. Généralement dans des écoles où on ne parle QUE breton (si si, ça existe) ou des écoles bilingues.
  • On m'a dit l'autre jour que ça ne servait vraiment à rien d'apprendre le breton parce que presque personne ne le parlait (méchants vendéens!). C'est comme si on disait que ça ne servait à rien d'apprendre un instrument de musique, genre le violon, parce qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui sait en jouer. Pourtant c'est une belle chose de l'apprendre, et quand un violon croise une guitare, ben ça envoie. C'est un vrai plaisir d'apprendre le breton, et de rencontrer des gens qui le parlent, de pouvoir traduire les noms des lieux, et le noms des gens qu'on connait, et de comprendre enfin pourquoi nos parents parlent bizarrement avec des phrases à l'envers. Apprendre le breton à Moscou, c'est autre chose, je vous l'accorde...
  • On m'a aussi dit récemment: "ah tu apprends le breton... t'es indépendantiste alors!" Hahaha! Ce n'est pas parce qu'on parle breton qu'on est nationaliste, indépendantiste, extrémiste ou terroriste. Ce n'est pas non plus parce qu'on apprend le breton qu'on ne veut pas sortir de sa cambrousse. J'ai été surprise de voir le nombre de personnes qui parlent déjà plusieurs langues dans ma formation. Et moi-même qui parle déjà couramment l'anglais et l'allemand.

Bon, donc depuis un mois j'apprends le breton. Et ça c'est pas un mythe, c'est vraiment une langue de ouf. J'ai toujours plaint les gens qui apprenaient le français parce que c'est tordu comme langue. Mais le breton c'est encore plus tordu je crois.

Oui, en breton les mots mutent (comme les ados). En fonction de ce qu'il y devant, la première lettre d'un mot peut changer (avec exceptions, bien sûr).
Exemple: chien = ki ; le chien = ar c'hi ; ton chien = da gi

Les chiffres font muter, mais pas tous, et pas de la même façon.
Exemple: deux chiens = daou gi ; trois chiens = tri c'hi.
Certains chiffres se mettent même au féminin. Les nombres sont à l'envers par rapport au français (et à l'endroit par rapport à l'allemand)

Un verbe se conjuguera de plusieurs façons selon ce qu'on met en début de phrase (avec mutations et tout le bordel)
Si un sujet est pluriel, mais qu'on le met après le verbe, et bien le verbe ne se conjugue pas. SAUF, si on met le sujet d'abord dans une phrase négative.

J'en passe et des meilleures! Je crois que j'ai perdu la moitié des lecteurs en cours de route...!
Tout ça pour vous dire que c'est vraiment une langue de zinzins, mais une langue tellement chouette aussi! Et marrante. Elle est pleine d'expressions, et de rimes faites juste pour le plaisir. Elle est extrêmement riche, et il y a comme des "patois" en fonction des coins où on la parle. Je pense qu'on n'a jamais fini d'apprendre.
J'ai la chance d'avoir encore mes grand-mères pour m'apprendre des choses, et mes parents qui comprennent la langue, et la parlent bien. Du coup la formation est moins dure pour moi. Aussi parce que je parle déjà d'autres langues,  donc l'apprentissage est moins raide.

Nos formateurs sont chouettes, et il y a des gens très différents dans ma formation. Nous sommes 26, et l'école connait une demande croissante. En octobre ils ouvriront une seconde session par an, plus une autre à Nantes (mauvais timing pour moi). La méthode d'apprentissage fait que nous participons beaucoup et que nous ne restons pas assis toute la journée. Dieu merci! Bonjour le cul plat après 6 mois sinon!
Sur 26 on a tous des parcours différents, et des projets variés. Pour ma part, je me destine à l'enseignement. Mais pas pour enseigner le breton. Et non, pour enseigner les langues mais dans une écoles où on ne parle que breton.
La formation étant à Rennes, j'ai fini par prendre une petite chambre ici, vu que les aller-retours Nantes-Rennes chaque jour me claquaient. Je me retrouve donc étudiante, en chambre de 9m², avec pas grand chose pour vivre. Conclusion: le breton fait rajeunir!

Edit du 24 novembre 2011: finalement je ne travaille pas dans le collège Diwan comme prévu. Pendant la formation je suis tombée sur une offre d'emploi. Une asso de cours de breton sur Nantes qui cherchait un coordinateur à partir de l'été. J'ai postulé et j'ai été prise. Donc depuis juillet je travaille en breton, c'est ma langue de travail au quotidien. Je m'occupe de la communication, de l'événementiel et de l'administratif. J'adore mon boulot! Je m'occupe même d'un groupe de conversation pour les confirmés toutes les semaines, et d'un atelier bijoux en breton de temps en temps. J'aurais eu du mal à trouver un travail aussi chouette en français (c'est pas faute d'avoir insisté pourtant). Je ne regrette pas d'avoir fait cette formation de breton. 

Et tiens, la preuve que le breton n'est pas une langue repliée sur elle-même, voici une jolie vidéo. Il y a aussi des étrangers qui parlent le breton, à ma connaissance des anglais, irlandais, galois, allemands, néerlandais japonais. Voici maintenant le breton chanté au Kenya:

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Commentaires
N
Bonjour,<br /> <br /> La lecture de votre article m'a fait beaucoup plaisir, car j'ai moi-même commencé à apprendre le breton depuis 1 semaine avec la méthode Assimil. Ce qui m'a décidée ce sont les perspectives professionnelles qui s'offrent aux brittophones (manque de profs dans les filières franco-bretonnes), et votre article et le travail que vous avez trouvé me prouvent que je ne perds pas mon temps (contrairement à ce que m'ont dit certaines personnes). Je pense que contrairement aux idées reçues, le breton a un bel avenir devant lui :)
A
Top ! Ca donne envie de se "convertir" ;)
J
moi je te dis bon courage ça n'a pas l'air facile!!<br /> et puis vivre dans 9 m2 pour après faire ce que tu aimes ... ça le vaut bien !! <br /> bizz poulette
C
toi-même<br /> :)
G
c'est toi la zinzin!!
C Claire!
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